Amallah a le mieux réussi, Vojvoda force son jeu, l'entrée en matière difficile de Dussenne: les Hurlus de Sclessin passés au crible
Selim Amallah, Mergim Vojvoda et, dernièrement, Noë Dussenne, ont troqué leur tunique rouge mouscronnoise pour le rouche du Standard.
- Publié le 17-08-2019 à 09h35
- Mis à jour le 17-08-2019 à 10h21
Selim Amallah, Mergim Vojvoda et, dernièrement, Noë Dussenne, ont troqué leur tunique rouge mouscronnoise pour le rouche du Standard.
Notre consultant, Alex Teklak, décortique ces trois mouvements de l’été.
"L'absence d'Amallah à Saint-Trond a déjà été remarquée"
Pour Alex Teklak, Selim Amallah est le Mouscronnois qui a le mieux réussi la transition entre le Canonnier et Sclessin.
Selim Amallah pourra se targuer d’avoir été le premier à lancer le mouvement, en mai dernier, en rejoignant Sclessin depuis Mouscron. En seulement deux matchs disputés sous le maillot liégeois, le meneur de jeu a déjà convaincu.
Ses qualités : "C’est celui qui est le plus déterminant même s’il a été embêté dans sa préparation par une blessure à la cheville, la même qui lui avait posé des problèmes dans le passé", observe Teklak. "C’est un joueur qui peut être directement décisif. Il a très bien terminé la saison dernière avec Mouscron. Il est donc arrivé avec énormément de confiance au Standard. Selim Amallah est un joueur très à l’aise, techniquement, entre les lignes. Dos au but, il est très fort, il présente beaucoup de légèreté dans ses gestes ainsi que de la subtilité. Il dispose également d’une très belle première touche de balle. Techniquement, il est très intéressant et ce, depuis sa période à Mons où il a été en partie formé. Je le connaissais à l’époque et il présentait déjà ces qualités mais il a grandi et il s’est développé au niveau musculaire. Ce n’est pas un joueur de longues infiltrations en tant que tel mais, dans les 25 derniers mètres, il est capable de faire mal quand il peut plonger dans le dos d’un latéral par exemple. Il sent bien le moment où il doit aller chercher l’espace, c’est très naturel dans son jeu et c’est ce qui a manqué au Standard contre Saint-Trond où son absence a été remarquée."
Ses débuts : "Ils sont réussis et cela date déjà de la préparation durant laquelle on sentait qu’il allait faire partie de l’équipe de base. C’est un joueur qui a déjà grandi en termes de statut au Standard et il va prendre de l’importance. J’espère juste pour lui que la mécanique ne va pas céder. La saison sera longue et, par le passé, il a déjà eu tendance à être un peu fragile et ce sera un paramètre à surveiller. Amallah est un joueur qui donne beaucoup et qui s’expose aux coups et aux blessures musculaires."
Ce qu’il doit changer dans son jeu : "Si l’idée c’est de le faire jouer en numéro huit à l’avenir, je me dis que Michel Preud‘homme veut développer son moteur et il a un gros moteur, ce n’est pas un fainéant. Sa condition physique est top. Peut-être que le staff liégeois voudra développer cette qualité de box to box en le faisant partir de plus bas en étant responsabilisé au niveau de la régulation du jeu tout en étant capable d’être présent dans le box suite à de longues courses. Il est capable de le faire."
"Vojvoda force un peu son jeu"
Le latéral droit semble un peu crispé pour son retour dans le club qui l’a formé.
Formé au Standard, Mergim Vojvoda n’a jamais eu voix au chapitre à Sclessin sous l’ère Duchâtelet. Passé par plusieurs clubs de la galaxie de l’ancien président rouche (Saint-Trond et FC Carl Zeiss Jena), c’est à Mouscron que le latéral droit s’est fixé et surtout révélé.
Ses qualités : "C’est un joueur assez stable, il ne fait pas trop de fioritures, dit Teklak. Il est un peu l’antithèse de Cavanda. Vojvoda est assez simple, modeste et humble dans son jeu. Il possède de la puissance et il dribble grâce à cette dernière et à la vitesse qu’il y ajoute. Vojvoda n’est pas le type de joueur qui va surprendre son coach en positif ou en négatif, il a cette capacité à être assez neutre sur le terrain et ce n’est en rien péjoratif. Il fait partie de ces joueurs qui sont utiles dans un groupe et qui possèdent cette qualité d’être plutôt rassurants pour un coach."
Ses débuts : "En l’absence de Fai, suspendu pour les trois premiers matchs, je ne trouve pas que Mergim ait véritablement pris l’ascendant sur le Camerounais. Honnêtement, je suis un petit peu déçu car j’attendais beaucoup plus de sa part. Durant la préparation, les signaux semblaient être au vert d’autant qu’il avait réalisé de gros tests physiques mais cet optimisme ne se retrouve pas dans son jeu. Est-il paralysé par la peur ? Il y a peut-être un peu de ça. En tout cas, je ne le sens pas du tout relâché et cela se ressent dans la crispation qu’il y a dans ses centres. À Mouscron, sur cinq centres, il en donnait trois à quatre bons et ici, depuis le début de saison, je ne l’ai pas encore vu le faire. C’est la preuve qu’un joueur est crispé et stressé. Il veut forcer les choses."
Ce qu’il doit changer dans son jeu : "Au lieu de forcer son jeu, il devrait plutôt retrouver une certaine forme de clairvoyance dans ses choix, revenir à des choses simples, ce n’est pas sa nature et c’est ça qui le met un peu en difficulté pour le moment. Il s’est peut-être un peu battu contre lui-même. Pour le moment, je ne vois pas la fraîcheur qui était la sienne à Mouscron. Il doit retrouver son jeu et sa simplicité. Sur la deuxième partie de saison avec Bernd Storck, ils ont beaucoup joué sur les transitions et la verticalité, la compacité du bloc et l’intransigeance défensive, autant de principes partagés par Michel Preud’homme. Passer de Mouscron au Standard, ce n’est pas facile d’autant que pour Mergim, contrairement aux deux autres, il revient dans un club qui l’a mis dehors sous une ancienne direction. C’est un Liégeois et il a peut-être plus à prouver qu’un autre. Pour le moment, il semble mal vivre cette pression."
"Dussenne a besoin d’avoir de bons filtres devant lui"
Selon Alex Teklak, Noë Dussenne affiche une grande expérience mais il n’aime pas être exposé.
Dernier arrivé en Cité ardente, Noë Dussenne a connu une entrée en matière délicate à Saint-Trond. Aligné aux côtés d’un Kosanovic qui avait la tête à Al Jaezira, le défenseur central de 27 ans n’a pas été aidé pour sa grande première.
Ses qualités : "Il dispose d’une bonne lecture du jeu, d’un bon positionnement, d’un jeu de tête intéressant et surtout de l’expérience, affirme Teklak. Mais Noë est un défenseur, et il n’est pas le seul dans le cas, c’était la même chose pour Kosanovic, qui ne peut pas être exposé. Il n’aime pas ça. Il a besoin d’avoir des filtres devant lui, des mecs qui vont faire le boulot, donc d’une équipe compacte. Si on lui laisse ramasser les miettes, il est excellent. Contre Anderlecht avec Mouscron, il a été très bon parce que devant lui, il y avait Boya, Hocko et Mohamed qui ont travaillé comme des morts de faim en étant très proches de la ligne défensive. Le bloc est resté très compact, rarement dans des situations de transition et rarement exposé dans le dos."
Ses débuts : "Si l’équipe ne presse pas bien, il n’est pas à l’aise quand il doit jouer avec 40 mètres dans son dos. Il le sera à partir du moment où la prise de profondeur des attaquants adverses est contrôlée. Pour ça, il faut un pressing efficace. Si les transitions sont mal gérées, d’autant plus sur un terrain synthétique comme à Saint-Trond, les défauts se voient encore plus. Mais c’est paradoxal puisque lors de la journée d’ouverture, il réalise un excellent match à Saint-Trond avec Mouscron. S’il a été bon avec les Hurlus et moins avec le Standard, c’est qu’il y a une raison. À mes yeux, la raison principale, c’est qu’il a été beaucoup moins exposé avec Mouscron. Dire qu’il a raté ses débuts, c’est faux. Ce serait trop dur de juger Dussenne maintenant. Il faut lui laisser du temps et voir comment il va s’installer dans l’équipe."
Ce qu’il doit changer dans son jeu : "Travailler la profondeur dans son dos ? À 27 ans, c’est très difficile. Il ne va plus développer une vitesse de pivotement maintenant. Dussenne doit avant tout jouer avec ses caractéristiques propres et ne pas changer son jeu. Prenons l’exemple d’Aidoo, parti de Genk vers le Celta Vigo, il avait une grosse explosivité, il était donc très bon quand il devait se retourner mais, Aidoo n’avait pas la lecture du jeu de Dussenne. Tout son jeu était basé sur sa vitesse car il savait qu’elle pouvait compenser ses erreurs. Dussenne, lui, a développé cette lecture du jeu. Maintenant, c’est au coach à mettre en avant les qualités de ses joueurs et qu’elles soient complémentaires."